Un mois après la prise d’otages à Moscou, le “parti de la guerre” l’a emporté et toutes les amorces de négociations ont tourné court. Un recensement truqué et l’annonce d’un référendum sur une Constitution tchétchène dissimulent mal la poursuite des hostilités.
Les ministres de l’intérieur et de la justice des pays membres du G 8 participent, mardi et mercredi à Moscou, à une réunion consacrée en principe au combat contre la criminalité transnationale. Les Russes veulent essentiellement discuter d’un autre sujet : le terrorisme international.
SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 : DEBUT DE LA ” DEUXIEME ETAPE ” DE LA NOUVELLE OFFENSIVE RUSSE – VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 : PERTE D’UN QUATRIEME AVION RUSSE. Les témoignages recueillis par l’envoyée spéciale du ” Monde ” dans la république du nord du Caucase font état de revers de l’armée russe, contrairement au discours officiel qui vante ” la pacification ” d’un tiers du pays. Le CICR évoque la ” crise humanitaire ” des réfugiés en Ingouchie.
DANS LA NUIT DU JEUDI 30 SEPTEMBRE AU VENDREDI 1ER OCTOBRE 1999. Un millier de chars et de véhicules blindés ont occupé le nord de la république indépendantiste dans la nuit de jeudi à vendredi. Dix soldats russes auraient été tués lors d’un premier accrochage, selon les Tchétchènes. 88 000 civils se sont déjà réfugiés dans l’Ingouchie voisine.
GROZNY (TCHÉTCHÉNIE) DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE – Elu en 1996 président de la République tchétchène lors d’un scrutin direct organisé avec l’aide de l’OSCE, Aslan Maskhadov, 55 ans, lutte depuis sur deux fronts : contre ses concurrents malheureux emmenés par Chamil Bassaev, accusé par Moscou d’être, avec son allié Khattab, l’auteur des derniers attentats en Russie; et contre tous les adversaires d’une reconnaissance de l’indépendance tchétchène, Russie en tête. Jeudi 16 septembre, il a reçu Le Monde pour son premier entretien depuis plus d’un an avec l’envoyé spécial d’un média occidental en Tchétchénie, où sévissent toujours les ravisseurs d’otages, alors que l’armée russe bombarde à nouveau des villages depuis dix jours.
L’aviation russe a bombardé des localités à l’intérieur de la Tchétchénie, tandis que des rebelles tchétchènes se sont emparés de plusieurs villages au Daghestan. Les affrontements ont fait plusieurs centaines de morts et plus de 10 000 réfugiés.
LE KREMLIN a signé ces derniers mois avec la Tchétchénie une série d’accords qui, sans reconnaître formellement son indépendance, la placent hors du cadre fédéral russe. Or, la ” catastrophe ” annoncée dans ce cas de figure, c’est-à-dire un effet domino destructeur pour la Fédération de Russie, n’est pas au rendez-vous. Chacun semble donc admettre maintenant que rien ne justifiait la guerre menée par la Russie dans cette minuscule portion de ” son ” territoire. Etendu sur onze fuseaux horaires, il offre lui-même suffisamment de défis au pouvoir central, avec ses gouverneurs régionaux désormais élus et d’autant moins soucieux d’obéir à Moscou qu’ils n’en reçoivent plus que des subventions minimes.
De la Biélorussie au Caucase, Moscou peine à établir des relations politiques et économiques équilibrées avec ses anciens satellites regroupés, aujourd’hui, au sein de la Communauté des Etats indépendants.
Le départ de l’artisan des accords qui ont mis fin à la guerre suscite l’inquiétude à Grozny.
Le général, à peine nommé à la tête du Conseil de sécurité russe, affirme avoir déjoué une ” tentative de coup d’Etat ” de militaires restés fidèles à l’ancien ministre de la défense, Pavel Gratchev, limogé lundi 17 juin ELECTIONS.