De petites manifestations se sont tenues à Moscou, comme l’exigeait le commando.

Le débat montera-t-il, en Russie, sur la guerre de Tchétchénie et ses implications, à l’issue de la spectaculaire prise d’otages au centre de Moscou ? Viktor Chenderovitch, écrivain et commentateur politique, s’est exprimé sur le sujet, samedi 26 octobre, quelques heures après l’assaut final des forces spéciales. “En tant que société, nous considérons la Tchétchénie comme une guerre lointaine, et nous considérons ce qui vient de se produire à Moscou comme du terrorisme. C’est une erreur inadmissible. Les morts d’aujourd’hui [dans le dénouement de la prise d’otages], sont des victimes de la guerre de Tchétchénie. Tant que la société russe continuera à considérer comme normal que tant de gens meurent en Tchétchénie, où nous nous livrons à des exactions, le terrain sera prêt pour le prochain acte terroriste”, a-t-il déclaré à la radio Echo de Moscou, très écoutée dans la capitale. “La question qu’il faut poser est : qu’a bien pu subir une femme pour qu’elle décide d’attacher des explosifs sur son corps et qu’elle aille tuer d’autre femmes et des enfants ?” a ajouté M. Chenderovitch. “Notre pays, immense, s’est révélé sans défense. La guerre n’a pas lieu dans le Caucase, elle n’est pas seulement en Tchétchénie, cette guerre se déroule en Russie. Et tant que nous croirons que nous sommes loin d’elle, ailleurs, en Europe, tant que nous continuerons à laisser tuer des gens, le risque terroriste sera là.”

Le Monde
International, lundi 28 octobre 2002, p. 3

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