60 % des Russes sont défavorables à une négociation avec les dirigeants de Grozny.

Une délégation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dont le but est de préparer un rapport en vue du sommet de l’OSCE, la semaine prochaine à Istanbul, n’a pas pu se rendre, mercredi 10 novembre, en Tchétchénie, Moscou s’y opposant. Le ministre russe de la défense, Igor Sergueïev, a par ailleurs déclaré, jeudi, qu’il y avait ” une chance ” pour que l’offensive russe s’achève avant la fin de l’année.

UNE DÉLÉGATION de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) envoyée dans le Nord-Caucase n’a pas pu se rendre, mercredi 10 novembre, comme elle le souhaitait, en Tchétchénie. Les autorités russes l’en ont empêchée, avançant comme explication que cette mission n’avait qu’un caractère ” humanitaire “. Le chef de la délégation, le norvégien Kim Traavik, a par ailleurs démenti, mercredi, dans la soirée avoir tenu les propos que lui prêtait l’agence russe Itar-Tass, à savoir qu’il estimait que le conflit en Tchétchénie ” n’est pas une affaire intérieure russe “. ” Je n’ai jamais dit cela “, a-t-il déclaré à l’agence Reuters.

Cette mission de l’OSCE, dont le principe avait été acquis le 2 novembre à Oslo, constituait la première démarche concrète, sur le terrain, de la communauté internationale concernant la guerre de Tchétchénie. Elle avait pour but d’évaluer la situation humanitaire des réfugiés de Tchétchénie afin de préparer un rapport destiné au sommet de l’OSCE à Istanbul, du 17 au 19 novembre.

” CATASTROPHE HUMANITAIRE ”

La délégation n’a finalement pu visiter que des camps de réfugiés en Ingouchie, République voisine de la Tchétchénie qui accueille la majorités des 200 000 personnes ayant fui les bombardements russes. L’itinéraire de la mission n’avait pas été fixé au préalable avec précision, mais la présidence norvégienne de l’OSCE avait indiqué, mercredi, dans un communiqué, qu’il incluait ” l’Ingouchie et problablement le nord de la Tchétchénie “.

Jeudi, la délégation devait rentrer à Moscou pour ” mener des consultations avec les autorités russes sur le règlement pacifique du conflit tchétchène “, a indiqué M. Traavik. La situation des réfugiés tchétchènes en Ingouchie constitue une ” catastrophe humanitaire “, a commenté le chef de la délégation de l’OSCE, ” l’envergure de cette catastrophe est plus importante qu’on ne pensait “.

Face aux critiques montantes suscitées à travers le monde par l’offensive russe, le ministère russe des affaires étrangères a refusé, mercredi, que les Occidentaux placent la Tchétchénie au centre des entretiens qui auront lieu lors du sommet de l’OSCE à Istanbul. ” Nous tenons à souligner que nous ne refusons pas qu’on parle de la Tchétchénie, mais que nous nous opposons à ce qu’on en fasse la question principale à Istanbul “, a dit Vladimir Rakhmanine, porte-parole du ministère. Moscou a récusé par avance toute médiation extérieure dans le conflit tchétchène, qu’elle considére comme une ” affaire intérieure “. Alors que les bombardements se poursuivaient sur plusieurs régions de Tchétchénie, et que l’armée russe resserrait son étau sur les villes de Grozny et de Goudermès, le quotidien Troud, à Moscou, publiait un entretien avec le commandant-en-chef des forces russes du Caucase, le général Victor Kazantsev, dans lequel ce dernier se dit déterminé à ” mener cette affaire jusqu’au bout ” et être en mesure de ” raser la Tchétchénie ” en une semaine s’il en reçoit l’ordre.

Selon un sondage réalisé début novembre, 60 % des Russes partagent l’opinion des militaires selon laquelle ” on ne doit pas négocier avec les leaders tchétchènes “. A la question ” croyez-vous que la Russie peut remporter une victoire dans la guerre en Tchétchénie ? “, 65 % des personnes interrogées ont répondu ” oui “, 13 % ” non “. – (AFP, Reuters.)

Le Monde
vendredi 12 novembre 1999, p. 3

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