Le premier ministre russe a en outre réuni mardi, au siège du gouvernement à Moscou, quatre de ses prédécesseurs – Evgueni Primakov, Sergueï Stépachine, Sergueï Kirienko et Victor Tchernomyrdine – ainsi que les dirigeants des principaux partis politiques, auxquels il a répété que la Tchétchénie était une question strictement ” interne ” aux affaires russes. Le ministre des affaires étrangères, Igor Ivanov, a de son côté rejeté toute intervention de troupes ou d’observateurs étrangers en Tchétchénie, demande formulée la semaine dernière par le président tchétchène, Aslan Maskhadov.
Ce dernier a instauré mardi la loi martiale sur tout le territoire de sa république, tandis que les bombardements russes se poursuivaient. Moscou a reconnu avoir perdu deux chasseurs- bombardiers, lors de ses opérations. La télévision Reuters a montré l’épave d’un appareil russe abattu lundi dans un champ. Un parachute souillé de sang pendait à un siège éjectable et des villageois ont déclaré qu’un membre de l’équipage était mort. Les autorités russes ont fait état de victimes ces derniers jours dans les rangs de l’armée fédérale : officiellement 4 morts et 22 blessés. Selon l’agence RIA, des combats se déroulent depuis lundi dans la région de Chervlionnaïa, près du Terek, où des soldats russes se seraient emparés d’un pont.
Les réfugiés tchétchènes continuent de se presser aux frontières de la Tchétchénie. Vingt-huit ont été tués mardi soir, quand des chars russes ont ouvert le feu sur leurs bus qui retournaient vers le nord de la Tchétchénie, ayant reçu l’assurance des Russes qu’ils pouvaient regagner en sécurité leurs maisons, a annoncé mercredi un responsable local tchétchène à l’AFP. Le journaliste de l’agence a, en outre, constaté mardi que des soldats russes bloquaient près d’Ichtcherskaïa, à la frontière de la région de Stavropol (sud de la Russie), une colonne de soixante-dix voitures et camions transportant des familles tchétchènes et russes fuyant les bombardements. Certains réfugiés étaient là depuis trois jours, dormant dans leurs véhicules et suppliant les forces russes de les laisser-passer.
En Géorgie voisine, des gardes- frontières ont interpellé mardi cinq Tchétchènes armés, ont rapporté les agences russes. Plusieurs centaines de réfugiés tchétchènes ont franchi ces derniers jours la frontière entre la Tchétchénie et la Géorgie, la seule ouverte depuis cet été entre la république indépendantiste et un territoire non contrôlé par la Russie. La Géorgie est accusée par des responsables militaires russes de laisser transiter des combattants et des armes vers la Tchétchénie, ce qui tend ses relations déjà délicates avec Moscou. – (AFP. Reuters.)
Le Monde
jeudi 7 octobre 1999, p. 4