Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a indiqué jeudi que les troupes russes étaient entrées à plusieurs reprises en Tchétchénie depuis deux semaines. Jusqu’à présent, elles semblaient à chaque fois être ressorties du territoire tchétchène, même si elles gardaient certaines hauteurs le long de la frontière avec le Daghestan comme positions de tir, avait constaté l’envoyée spéciale de l’AFP. Selon des responsables militaires tchétchènes, l’armée russe a pénétré de 10 à 15 km à l’intérieur du territoire de la petite république. Selon l’agence russe RIA, ces forces sont ensuite revenues en arrière, et se trouvaient 5 à 8 km à l’intérieur des frontières.
” La Tchétchénie est un territoire russe et nos troupes peuvent se déplacer là où elles veulent ” avait déclaré Vladimir Poutine jeudi, lors d’un déplacement à Saint-Pétersbourg. Moscou a annoncé vouloir isoler la Tchétchénie en établissant un cordon sanitaire tout autour de la république, y compris à l’intérieur de son territoire. Les autorités russes ont toujours laissé ouverte l’éventualité d’une opération militaire terrestre pour reprendre le contrôle de la Tchétchénie.
Les bombardements russes sur la Tchétchénie, qui ont commencé le 5 septembre, se poursuivent par ailleurs, poussant des milliers de réfugiés sur les routes. Selon un responsable russe, plus de 88 000 Tchétchènes ont fui leur république vers l’Ingouchie voisine. L’aviation russe a bombardé jeudi, pour le troisième jour consécutif, une route empruntée par des réfugiés qui se rendaient en Géorgie. Selon Grozny, des centaines de civils ont été tués depuis le début des bombardements.
La France, l’Allemagne et l’Italie ont fait part mercredi soir de leur ” profonde préoccupation ” face à la ” dégradation de la situation en Tchétchénie “. Dans un communiqué commun, aux termes semblables à ceux de responsables américains prononcés le même jour, les ministres des affaires étrangères des trois pays s’inquiètent ” des conséquences dramatiques ” de cette dégradation ” pour les populations civiles et des ” risques d’escalades ” dans la région. Le ministre russe des affaires étrangères, Igor Ivanov, a pour sa part déclaré jeudi que le conflit en Tchétchénie est ” un problème intérieur de la Russie “. – (AFP, Reuters.)
Le Monde
samedi 2 octobre 1999, p. 5