MILITANTS des droits de l’homme, intellectuels, anciens dissidents, vieux habitués du square Debussy du temps où ils réclamaient la libération d’Andreï Sakharov, une centaine de personnes se sont rassemblées, samedi 8 juin dans l’après-midi, devant l’ambassade de Russie, à l’appel de l’association SOS-Tchétchénie.
Ils entendaient manifester, à une semaine des élections russes, contre ” le silence et l’indifférence de l’Occident “. Yves Cohen, l’un des organisateurs, arborait la liste des 250 personnalités signataires d’un appel en faveur de l’arrêt des massacres en Tchétchénie (parmi lesquelles Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Edgar Morin, etc.). ” Soutenir celui qui est apparemment le moins pire, disait-il à propos de Boris Eltsine, c’est soutenir le pire. En Tchétchénie, c’est lui qui accomplit le pire. “
” FAISONS UN RÊVE “
On reconnaissait autour d’Yves Cohen, le philosophe André Glucksmann, le cinéaste Romain Goupil, les écrivains Pierre Daix, Noëlle Châtelet et Thierry Volton. Près d’eux, le journaliste de France Inter Daniel Mermet commençait à évoquer, dans un porte-voix, ses reportages en Tchétchénie.
Des banderoles écrites en français et en alphabet cyrillique dénonçaient les agresseurs russes : ” Staline et Eltsine viennent et partent, mais le peuple tchétchène, lui, restera”. ” Faisons un rêve, déclare André Glucksmann, il y aura bientôt un président élu en Russie. Les dirigeants des démocraties vont lui envoyer des félicitations avec leurs voeux. Rêvons que le président français et les autres lui enverront un seul voeu; et que ce voeu soit : arrêtez le massacre en Tchétchénie. “
La présidente de SOS-Tchétchénie, Marie Bennigsen-Broxup, qui s’exprimait derrière le philosophe, devait se montrer plus près des réalités : ” La situation sur le terrain ne donne pas beaucoup d’espoir. Boris Eltsine a réaffirmé, ces jours derniers, la politique de contrôle qu’il veut imposer en Tchétchénie. ” Mm Bennigsen-Broxup terminait son propos par un appel à l’aide pour la fourniture de médicaments.
FOTTORINO ERIC
Le Monde / le mardi 11 juin 1996, p. 2