Un de ces porte-parole a même déclaré que « tout simplement, le président aime beaucoup le polo, les téléphones et les rideaux » que l’on voit, identiques, sur les deux photos. Or celles-ci sont tirées, sans aucun doute possible, d’un film vidéo tourné lors d’une convalescence précédente du président à Kislovodsk, dans le Caucase, au printemps dernier. De surcroît, il fut alors diffusé par la première chaîne russe et vendu aux bureaux de télévision étrangers à Moscou, qui n’ont eu aucun mal à découvrir la supercherie. En outre, cela semble d’autant plus étrange que Boris Eltsine paraissait plus bouffi dans ce vieux film que lors de son apparition de mardi.
LA QUESTION TCHÉTCHÈNE
Au cours de celle-ci, le président a pourtant déclaré qu’il a eu, le 10 juillet, « une attaque cardiaque sur fond d’ischémie », c’est-à-dire vraisemblablement un infarctus du myocarde. Mais « les médecins s’attendent à un rétablissement complet, sans séquelles », a-t-il ajouté, affirmant même qu’il va rejouer au tennis… après un temps de convalescence à l’hôpital, puis dans une de ses résidences près de Moscou. Boris Eltsine s’exprimait sans difficultés autres qu’une respiration un peu difficile, haussant même le ton et le geste pour parler des Tchétchènes, principal sujet de l’entretien de plus d’une heure qu’il a eu, juste avant l’interview télévisée, avec son premier ministre, Viktor Tchernomyrdine.
Déclarant qu’ils ont « trouvé une solution » pour reprendre, jeudi à Grozny, des négociations russo-tchétchènes en panne depuis quatre jours, Boris Eltsine a souligné avec emphase qu’il s’agit de « notre solution bien sûr » et que « le président se devait d’intervenir dans une question aussi importante ». Ce qui n’est pas nécessairement un signe positif pour le maintien de la trêve relative en vigueur en Tchétchénie depuis près d’un mois et qui semble, depuis deux jours, moins respectée que jamais.
SOPHIE SHIHAB