La guerre en Tchétchénie, entamée le 11 décembre 1994, aurait pris fin, près de six mois plus tard, le 13 juin : les forces russes ont annoncé, mardi, avoir pris Chatoï, dernière localité tenue par les indépendantistes tchétchènes dans les montagnes du Sud. Comme pour marquer, une nouvelle fois, la fin de la « phase militaire », les autorités provisoires mises en place par Moscou en Tchétchénie ont annoncé la tenue, le 5 novembre, d’élections législatives dans la petite République autonome de la Fédération de Russie. Les forces de Moscou ont aussi déclaré avoir pris mardi la localité de Nojaï-Iourt (Est).

Forts de ces succès, les militaires russes affirment avoir divisé les combattants tchétchènes en trois groupes « aux loyautés divergentes ». Pour tenter d’en rajouter à l’atmosphère de débandade, des « sources bien informées » au FSB (ex-KGB) ont affirmé que le président Djokhar Doudaev avait été « blessé aux jambes et à un bras », suggérant même que ces blessures avaient été infligées lors d’affrontements entre Tchétchènes… Un des porte-paroles de la guérilla a démenti ces « informations ».

Comme à l’accoutumée, les proclamations de victoires russes semblent prématurées. Les Tchétchènes résistent encore et tiennent les montagnes, où Moscou devra envoyer son infanterie, au corps à corps, pour les déloger. Ils ont surtout été contraints de changer de tactique, abandonnant le combat frontal, et donc les localités, au profit de la guérilla. Ils sont sans doute moins divisés politiquement que Moscou voudrait le faire croire. En territoire « sous contrôle » russe, et jusque dans la capitale Grozny, des sources « informées », citées par l’agence Interfax, annoncent une « intensification » des attentats. Ainsi, la voie ferrée reliant la Tchétchénie au Daghestan voisin a sauté, il y a quelques jours, pour la troisième fois. Et Boris Eltsine a reconnu, le 9 juin, dans une rare interview, que la « pacification » de la République « serait lente » et difficile.

JEAN-BAPTISTE NAUDET

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