Deuxièment, si des familles ont été ramenées en plaine avant ces nouvelles attaques, il s’agit surtout de réfugiés ayant fui vers le sud durant les premiers mois de l’offensive russe. Les Tchétchènes originaires de ces montagnes hésitent à se rendre dans les plaines occupées par l’armée, où leurs hommes font figure de suspects et risquent, à chaque contrôle, de grossir le nombre des « disparus ». Des dizaines de milliers de personnes, dans les montagnes quotidiennement bombardées, sont coupées du monde, sans électricité et sans ravitaillement.
Dans le nord « pacifié », la résistance n’en continue pas moins et semble même s’intensifier : un poste russe de Grozny a subi un assaut de cinq heures dans la nuit de samedi à dimanche, un important dépôt d’essence a brûlé la veille, les attentats contre l’unique voie ferrée se multiplient et une unité d’une centaine de Tchétchènes a lancé une contre-attaque meurtrière contre un poste russe isolé.
La mission de l’OSCE, installée depuis près d’un mois dans la région pour « contribuer au processus de négociation » garde, de son côté, un silence obstiné, alors que le Kremlin ne s’embarrasse même plus de promesses : le seul sujet possible de négociations est la « capitulation des bandes armées illégales », a réaffirmé, samedi, le ministre de la défense, Pavel Gratchev.
SOPHIE SHIHAB