Alors que les troupes russes en Tchétchénie ont tiré sur des délégués de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), les militants indépendantistes ont voulu offrir à Moscou pour le week-end du 1 mai un avant-goût du « feu d’artifice » qu’ils préparent pour le 9 mai. Malgré la trêve décrétée par le Kremlin « pour les fêtes », les combattants indépendantistes ont lancé, ce week-end, des attaques tous azimuts, jusque dans la capitale tchétchène prise par les Russes mi-février et très théoriquement « sous contrôle ».

Un porte-parole des forces russes, cité par l’agence Interfax, a reconnu que les Tchétchènes avaient attaqué au mortier et à l’arme automatique, dans la nuit de dimanche à lundi 1 mai, un poste militaire russe à Grozny, blessant cinq soldats russes. Un couvre-feu a été instauré lundi pour une durée deux mois, ce qui ne devrait rien changer à la situation puisqu’il existait déjà de facto. A la frontière du Daghestan, un hélicoptère russe a aussi essuyé, ce week-end, des tirs des combattants tchétchènes, qui semblent opérer dans toutes les régions théoriquement « contrôlées » par Moscou. D’autres attaques non précisées ont fait un nombre indéterminé de morts et de blessés du côté russe. Comme d’habitude, tous « les bandits » ont, officiellement, été « liquidés ».

Ce n’est certes pas la première fois que les combattants indépendantistes s’en prennent aux postes russes dans les zones « contrôlées » : des attaques sont lancées presque chaque nuit par la résistance intérieure. Les combattants s’évaporent le jour, se fondant dans une population complice. Mais c’est l’une des premières fois que les Russes, qui, en général, insistent sur la « normalisation », reconnaissent qu’ils ne maîtrisent pas la situation. Il s’agit peut-être de préparer l’opinion publique à de désagréables surprises pour le 9 mai, de renforcer la répression pour tenter de les éviter.

Le président indépendantiste Djokhar Doudaev a rejeté lui-même la trêve offerte par le Kremlin pour les commémorations de la victoire sur le nazisme, le 9 mai à Moscou. « Le peuple et le gouvernement tchétchènes n’ont pas besoin d’un armistice temporaire, ni d’un moratoire, ni d’une amnistie », a déclaré Djokhar Doudaev samedi à Interfax, depuis son bastion de Vedeno, niché dans les montagnes du Sud. Le général Doudaev a estimé que le moratoire avait pour but de « montrer que la Russie est éprise de paix ».

Mais, sur le front, les bombardements russes se sont poursuivis, malgré le « moratoire », contre les villages de l’ouest encore aux mains des indépendantistes. A Bamout, principale poche de résistance tchétchène de l’Ouest, les Russes ont même tiré, samedi 29 avril, sur une mission de l’OSCE, selon l’envoyé spécial de l’AFP, Sebastian Smith. Les cinq membres de l’OSCE parcouraient le village quand des soldats russes, positionnés à moins d’un kilomètre, ont ouvert le feu sur le minibus jaune de l’OSCE. Les membres de la mission ont du s’abriter pour échapper aux tirs, rapporte l’AFP. L’OSCE avait averti les autorités militaires russes de la visite de ses délégués à Bamout.

JEAN-BAPTISTE NAUDET

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