QUELQUES HEURES avant l’entrée en vigueur du moratoire sur les opérations militaires en Tchétchénie, prévu du 27 avril minuit au 11 mai, les forces russes se sont livrées, jeudi soir, à un pilonnage intensif des villages de Bamout, Stary Achkhoi et Yandi à l’ouest de la Tchétchénie.

Décrétée à des fins politiques à quelques jours de l’arrivée à Moscou de plusieurs chefs d’Etat occidentaux, la trêve avait, il est vrai, peu de chances d’être observée sur le terrain, le décret laissant toute latitude aux soldats russes pour répondre à d’éventuelles « provocations ». Les responsables de la résistance tchétchène avaient d’ailleurs fait savoir qu’ils n’étaient pas disposés à respecter cette trêve à moins de voir s’ouvrir des négociations à haut niveau avec Moscou. Selon un responsable ingouche, une rencontre était prévue, vendredi, entre le général russe Guennadi Trochev et le chef d’état-major des forces tchétchènes, Aslan Maskhadov, pour discuter des modalités d’un éventuel cessez-le-feu. Vendredi matin, le Kremlin n’avait pas confirmé cette information.

Selon l’agence ITAR-TASS, 500 fusiliers marins de Vladivostok sont arrivés jeudi en Tchétchénie. Alors que les civils continuent à fuir la zone des combats vers les Républiques voisines de l’Ingouchie et du Daghestan, les Russes ont déployé des soldats à Archty, une petite localité ingouche située à 4 kilomètres de Bamout, bondée de réfugiés et qui a déjà essuyé plusieurs tirs de roquettes. Faisant suite aux dénonciations par les députés russes de l’attitude de l’armée lors de la prise du village de Samachki, le 8 avril, le parquet de Russie a décidé, jeudi, d’ouvrir une enquête.

Bill Clinton, qui a reçu, durant une dizaine de minutes, jeudi à Washington, le chef de la diplomatie russe, Andreï Kozyrev, a fait savoir que la décision de Boris Eltsine d’ordonner un cessez-le-feu de trois semaines constituait « un pas vers un processus plus large » de règlement de la crise tchétchène. Cette entrevue a été suivie par une conversation téléphonique entre le président américain et Boris Eltsine, qui se sont notamment entretenus de la question de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est, et de celle de la fourniture par la Russie de réacteurs nucléaires à l’Iran.

FERMETÉ

Le ministre allemand des affaires étrangères, Klaus Kinkel, a, pour sa part, appelé la Russie à « respecter les traités internationaux qu’elle a signés » après l’annonce du renforcement de la présence militaire de Moscou dans le Caucase du Nord.

A quelques jours de la visite de François Mitterrand à Moscou, Lionel Jospin s’est prononcé jeudi pour une condamnation plus ferme de la répression russe en Tchétchénie. « Nous devons condamner plus fermement que ne l’ont fait jusqu’à présent les chancelleries occidentales, y compris notre gouvernement, les massacres perpétrés par le gouvernement russe », a-t-il déclaré au cours d’un meeting à Marseille. Le candidat à l’élection présidentielle s’est inscrit en faux contre « l’idée qu’il faudrait, face à l’instabilité qui règne à Moscou (…) jouer la carte d’une certaine stabilité et ne pas affaiblir Eltsine ». Lionel Jospin s’est toutefois prononcé contre le boycottage des cérémonies de commémoration de l’armistice de 1945, prévues le 9 mai à Moscou. (AFP, Reuter, ITAR-TASS.)

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