LE PRÉSIDENT CLINTON, qui s’est engagé à rencontrer Boris Eltsine à Moscou au cours du premier semestre 1995, se rendra-t-il dans la capitale le 9 mai pour assister à la commémoration russe de la victoire alliée ? Signe de la volonté américaine de nuancer l’impression d’un soutien inconditionnel au président Eltsine, la Maison Blanche, dans l’onde de choc tchétchène, hésite, officiellement pour des raisons « d’emploi du temps ».

Un groupe de soixante-trois membres du Congrès, républicains et démocrates, a demandé à M. Clinton de renoncer à ce déplacement à moins d’une ouverture russe sur la Tchétchénie. Le report de cette décision traduit aussi la déception américaine après le discours de M. Eltsine au Parlement russe, à la mi-février, qui n’annonçait aucune mesure positive sur le conflit tchétchène. De toute évidence, un geste de Moscou faciliterait les choses pour M. Clinton qui aurait toutefois un autre écueil à éviter : selon Zbigniew Brzezinski, la présence du président américain à Moscou le 9 mai risquerait de cautionner « une orgie d’antigermanisme et la nostalgie de la grande époque de Staline ».

M. MITTERRAND PRÉSENT

A l’Elysée on indique qu’il n’y a pas de changement par rapport à la décision de principe que François Mitterrand avait rappelée il y a quelques semaines et qu’il a confirmée tout récemment à M. Tchernomyrdine lors de son passage à Paris : le président de la République se rendra à Moscou le 9 mai « sauf circonstances exceptionnelles ». Les circonstances actuelles ne sont pas considérées comme exceptionnelles, leur « aggravation » le serait, précise-t-on. Le président de la République avait rappelé au premier ministre russe les demandes formulées par l’Union européenne, notamment celle d’observer les engagements internationaux auxquels la Russie a souscrit. Mais, précise-t-on à l’Elysée, « il n’y a pas de conditions » au voyage de M. Mitterrand à Moscou.

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