Des milliers d’habitants d’Atchkhoï-Martane, essentiellement femmes, enfants et vieillards, ont fui dimanche dans la journée la ville prise sous un barrage d’artillerie et bombardée par avions et hélicoptères. Environ 150 blindés russes ont également fait mouvement vers Goudermes, le plus important des bastions indépendantistes, à 50 kilomètres de Grozny.
Le reste de la Tchétchénie encore aux mains des combattants tchétchènes, c’est-à-dire la moitié sud de la République caucasienne, a subi, samedi et dimanche, des tirs d’artillerie ou des attaques aériennes plus intensifs que les jours précédents. Des avions russes ont bombardé samedi les villages de Dychné-Vedeno et Kharatchoï, dans les montagnes du sud-est, faisant selon les autorités indépendantistes 17 morts et 53 blessés.
Les tirs d’artillerie ont été particulièrement nourris sur les villes de Chali et Argoun, dans l’est, ainsi que les villages de Staryé-Atagui, Tchétchen-Aoul, Alkhan-Iourt et Ermolovka. Des déflagrations étaient également entendues dans la direction de Grozny, probablement sur le quartier de Tchernoretchié, dernier point de la capitale encore tenu par les Tchétchènes. Dans ce quartier, malgré les affirmations des Russes qui prétendent être maîtres de la capitale tchétchène, soldats et blindés russes sont la cible, chaque nuit, de nouvelles attaques des indépendantistes. Cette nouvelle offensive des forces russes survient après l’échec d’une reprise des négociations entre commandants en chef des forces russes et tchétchènes dans la République d’Ingouchie, à l’ouest de la Tchétchénie.
Un des médiateurs ingouches, Piotr Kossov, a accusé le commandant des forces russes d’avoir bloqué le processus de négociation en empêchant les délégués tchétchènes d’arriver jusqu’au lieu des discussions. Il a estimé que « les Russes, une fois de plus, confondent dialogue et ultimatum ». Enfin le vice-président ingouche, Boris Agapov, a jugé que désormais « les combats allaient reprendre avec plus de vigueur et d’acharnement ». Le général Djokhar Doudaev, le président tchétchène, avait pour sa part déclaré samedi 4 mars à la chaîne de télévision britannique Sky news que « la guerre serait longue » (AFP.)