LES CHARS russes, appuyés par l’aviation et l’artillerie, ont bouclé, mardi 21 février, le dernier accès à la capitale tchétchène, repoussant les indépendantistes dans leurs bastions hors de la capitale.

A l’issue d’une vaste et rapide offensive, une vingtaine de chars et de blindés russes ont pris position sur la principale route du pays, au sud-ouest de Grozny, coupant ainsi l’accès aux dernières positions indépendantistes dans les quartiers sud de la ville. L’infanterie russe a pénétré dans le village d’Alkhan-Iourt et plusieurs blindés ont pris position aux abords du village de Goïti. L’offensive a été préparée par un pilonnage d’artillerie, dans la nuit de lundi à mardi, et par plusieurs raids aériens, tôt mardi matin, contre les positions tchétchènes à Tchernoretchie (sud de Grozny), Alkhan-Iourt, ainsi que près du village de Stary Atagui.

Le porte-parole du président indépendantiste Djokhar Doudaïev, Movladi Oudougov, a indiqué que des raids ont également été lancés sur la ville d’Argoun, fief indépendantiste à 15 kilomètres à l’est de Grozny.

Gràce à la percée spectaculaire de leurs chars, les Russes contrôlent désormais tous les accès à Grozny après avoir semé la panique dans les rangs tchétchènes, les combattants indépendantistes battant précipitamment en retraite dans leurs véhicules tout terrain, en même temps qu’une cohorte de civils. Mais, quelques heures plus tard, les Tchétchènes préparaient la contre-offensive. A 1,5 kilomètres des blindés russes, un groupe d’une vingtaine de combattants se partageaient des pains de dynamite, qu’ils chargaient dans leurs roquettes pour les rendre plus meurtrières.

Cette nouvelle offensive russe survient alors que les Tchétchènes s’apprêtent à commémorer la date la plus importante de leur histoire, le 23 février 1944, qui est celle de la déportation de 400 000 d’entre eux en Sibérie et en Asie centrale, sur ordre de Staline. Le 23 février est également en Russie la « journée des forces armées ».

La reprise des combats intervient deux jours après l’expiration d’une trêve d’une semaine qui avait été négociée au niveau des états-majors militaires des deux parties. Mais, dès dimanche soir, le gouvernement russe opposait une nouvelle fin de non-recevoir aux demandes de négociations politiques exprimées par les Tchétchènes. Mercredi matin, le général Gratchev, cité par Radio-Svoboda, excluait la poursuite des négociations. D’après le président ingouche, Rouslan Aouchev, interrogé par la même radio, des négociateurs qui souhaitaient se rendre à Nazran en Ingouchie en ont été empêchés par le général Koulikov, le commandant des troupes russes de l’intérieur en Tchétchénie.

D’autre part, les Russes ont lancé mardi un avis de recherche contre Djokhar Doudaev. Selon le texte diffusé en Russie et sur le territoire tchétchène, « l’anonymat et la sécurité personnelle » de l’informateur sont garantis. Le même jour, le quotidien Izvestia avait mis en doute le « professionnalisme et l’efficacité » du contre-espionnage russe, « incapable de localiser » le président tchétchène alors que celui-ci multiplie les rencontres et les entretiens à la presse et qu’un groupe d’étudiants de Harvard a recemment réussi à s’entretenir avec lui au moyen d’un téléphone satellite.

Enfin, Boris Eltsine a annoncé, mardi, que le président américain Bill Clinton se rendrait cette année à Moscou pour discuter d’un nouveau traité de réduction des armes nucléaires, sans préciser à quelle date. Bill Clinton a reçu des lettres de 63 membres du Congrès américain lui demandant de décliner l’offre d’assister, le 8 mai à Moscou, aux cérémonies commémoratives du 50 anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, en raison du conflit tchétchène.

Viatcheslav Kostikov, porte-parole de Boris Eltsine, a prévenu Washington, lundi, que les Russes prendraient ombrage d’un refus.

Enfin, d’après Radio-Svoboda, le ministre russe des affaires étrangères, Andreï Kozyrev, de retour à Moscou après une rencontre avec son homologue britannique, Douglas Hurd, aurait fait savoir en haut lieu que le « conflit en Tchétchénie ne pouvait se prolonger au-delà du mois d’avril » au risque d’envenimer sérieusement les relations de la Russie avec les Occidentaux. (AFP, Reuter, AP.)

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