Après le silence profond observé par Boris Eltsine lors de son discours devant le Parlement la semaine dernière sur la façon dont il entend, en 1995, « rétablir la paix et le calme » en Tchétchénie, son entourage s’est répandu à ce sujet en propos contradictoires et les militaires en accusations mutuelles.

A ce fiasco au sommet ont répondu des cafouillages sur le terrain, suivis mardi 21 février par ce qui semblait être une nouvelle offensive russe appuyée par une reprise des bombardements aériens.

Ceux-ci avaient cessé après la « trêve » conclue la semaine dernière par les militaires, la première acceptée par Moscou après deux mois de guerre. Elle avait d’ailleurs été abondamment violée, mais l’intensité des tirs avait dans l’ensemble baissé. Pour Moscou, le problème reste que ses troupes n’ont pas brisé la résistance tchétchène au sud et à Argoun un verrou situé à 20 kilomètres à peine à l’est de la capitale et commandant une voie de communication stratégique dont la maîtrise était un objectif déclaré du Kremlin. Plus encore, les ruines de la capitale sont elles-mêmes loin d’être « pacifiées ».

Samedi, plusieurs heures de combats ont ainsi opposé des Tchétchènes, au nombre de quatre-vingts selon Moscou, armés de lance-grenades et de mortiers, à l’artillerie russe, dans un quartier du sud de Grozny théoriquement « nettoyé ». Une usine chimique (qui fournissait le Vatican en cierges), une des rares restées debout, était en feu à l’issue des combats.

Les Tchétchènes ont prétendu que « plus de cent » militaires russes ont été tués. Le chiffre réel devrait être au moins égal à dix-huit, correspondant à celui des corps évacués le lendemain de l’aéroport sous les yeux de correspondants de l’AFP. ÉCHANGE DE PRISONNIERS

Cette « incursion » tchétchène avait obligé le commandement russe à annoncer, dimanche, qu’il ne négocierait plus avec les chefs militaires tchétchènes, les espoirs de paix étaient « épuisés ». Lundi, on apprenait cependant que les contacts étaient maintenus et que six prisonniers ont été échangés de part et d’autre, toujours grâce à une médiation ingouche, à Chali, dans le sud du pays, toujours tenue par les résistants tchétchènes.

Alors que ceux-ci sont plus que jamais décidés au combat jusqu’à un retrait de l’armée russe, Moscou se trouve dans l’impasse prévue. Refusant officiellement toute négociation avec le président Doudaev un « dictateur criminel » avait répété jeudi Boris Eltsine , le Kremlin a été obligé de négocier avec ses représentants pour obtenir un cessez-le-feu, aucune « troisième force » n’apparaissant à l’horizon.

SOPHIE SHIHAB

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