L’ADMINISTRATION américaine a pris note avec satisfaction et prudence, jeudi 16 février, des assurances données par Boris Eltsine sur la tenue des élections législatives et présidentielle et sur la poursuite des réformes économiques en Russie tout en rappelant au président russe qu’il était urgent de régler pacifiquement le conflit dans la république sécessionniste de Tchétchénie.
Evoquant, devant une commission de la Chambre des représentants, le discours prononcé, jeudi, par le président russe, Warren Christopher, secrétaire d’Etat, a estimé « très important que les engagements [électoraux] soient tenus ». Dans son adresse annuelle au Parlement russe, Boris Eltsine avait assuré que les élections législatives se tiendraient comme prévu à la fin de cette année et l’élection présidentielle en juin 1996.
Appelant Moscou à « mettre fin aux combats » en Tchétchénie et à « engager un processus de réconciliation » avec les sécessionnistes, le secrétaire d’Etat américain a de nouveau dénoncé « l’utilisation excessive et sans discernement de la force » pour mater les indépendantistes tchétchènes. Concernant l’éventuelle adhésion des pays d’Europe de l’Est à l’OTAN, à laquelle M. Eltsine s’est à nouveau opposé dans son discours, M. Christopher a estimé que les alliés avaient mis au point « un programme réfléchi, raisonnable et progressif pour l’expansion de l’OTAN ».
Un porte-parole du département d’Etat, David Johnson, a cependant souligné que, tout en promettant de rechercher une solution pacifique, M. Eltsine « n’avait fourni aucun détail sur les mesures qu’il entendait prendre pour résoudre » la crise en Tchétchénie. « Il est clair qu’il faudra que la Russie nous en dise plus », a-t-il déclaré. Interrogé sur l’invitation faite par M. Eltsine au président américain, Bill Clinton, à venir le rencontrer en mai à Moscou, Michael McCurry, porte-parole de la présidence, a déclaré qu’« aucune décision n’avait été prise » et que le conflit tchétchène était un « facteur » qui comptait.A Moscou, le président du Parti communiste de Russie, Guennadi Ziouganov, a estimé que l’adresse du président Eltsine au Parlement était « un discours pour rien ». Accusant Boris Eltsine d’être directement responsable de l’opération militaire en Tchétchénie, le président de la troisième force parlementaire de la Douma (la Chambre basse du Parlement russe) a estimé que M. Eltsine, commandant en chef des forces armées russes, « devait payer ». Quant au ministre russe de la défense, Pavel Gratchev, il s’est insurgé contre les critiques formulées par la presse russe à l’égard de l’armée. Estimant que l’armée accomplit toujours son « devoir », en dépit du manque d’hommes et d’argent, le général Gratchev a néanmoins reconnu qu’à l’heure actuelle « l’armée n’est pas ce que nous nous efforçons d’en faire ».
Fidèle à lui-même, le chef des ultranationalistes, Vladimir Jirinovski, a estimé, pour sa part, que « le temps était venu pour l’arrivée d’un régime militaire en Russie ». « L’armée est la seule force réelle du pays », a-t-il déclaré, ajoutant : « Il faut nettoyer l’appareil gouvernemental, fermer totalement le pays pour briser les séparatismes, cesser les privatisations et reprendre la production nationale. » (AFP, Reuter.