Résultat, les apports de capitaux étrangers se sont nettement ralentis ces derniers mois. De 250 millions de dollars en septembre 1994, le volume des investissements de portefeuille sur le marché russe serait tombé à 20 millions au mois de janvier. « Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un montant très faible, et composé en partie de capitaux russes jusque là investis à l’étranger », souligne un spécialiste, qui ajoute que d’importantes prises de bénéfices ont été effectuées récemment.
Plusieurs observateurs du marché russe estiment que la période de fort pessimisme est peut-être déjà terminée, et s’ils disent vrai, le discours de M. Eltsine du 16 février tombe à point nommé. « Cependant, ceux qui attendent la détermination d’une politique économique très libérale risquent d’être déçus, car l’ère Gaïdar [l’ancien vice-premier ministre chargé de l’économie] est révolue », remarque un économiste étranger. La législation sur le marché du pétrole, qui a certes aboli les quotas pétroliers mais en laissant beaucoup de latitude aux administrations locales pour appliquer les textes, donne à penser que la marge de manoeuvre entre libéralisme et conservatisme est grande. Et il n’est pas surprenant que les compagnies pétrolières occidentales, naguère très enthousiastes, soient aujourd’hui beaucoup plus prudentes. Toutes espèrent au moins une clarification des textes.
Les services commerciaux de l’ambassade de France notent, dans une étude, que « la rareté du capital privé et le taux élevé de sa rémunération peuvent justifier des placements en Russie », mais que, « dans tous les cas de figure, l’investissement doit être réduit au strict nécessaire, le partenaire éventuel soigneusement choisi, et le montage juridique soigneusement étudié ».
FRANCOISE LAZARE