Les obus de l’artillerie russe qui viennent exploser au-dessus de leurs têtes ne font même plus tressauter les enfants des caves d’Argoun. Mais leurs visages en disent long sur la faim qui les tenaille, la maladie qui les affaiblit et le désespoir qui les mine. Depuis le mois de décembre 1994, les troupes russes et les combattants tchétchènes s’affrontent à Argoun, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Grozny. Les combats se sont intensifiés la semaine dernière depuis que les Tchétchènes s’y sont repliés pour en faire leur nouvelle ligne de défense, après avoir fui Grozny. Argoun est devenue un immense terrain vague aux immeubles effondrés ou percés par les obus. Au détour d’une rue, on aperçoit des enfants qui jouent sur un parking. Ce sont les enfants des caves qui viennent respirer un peu d’air frais. On peut les voir mais pas les entendre. Ils restent muets, prostrés. Les rires sont rares. Ils souffrent de malnutrition. Leurs cheveux sont infestés de poux. Leurs visages sont couverts de croûtes dues à la gale. Grippes, rhumes et fièvres sont leur lot quotidien. Moussa Khokiev, un commandant tchétchène à Argoun, lâche en quittant une cave : « Il vaut mieux mourir que vivre dans ces conditions ». (AFP.)

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