M. Gratchev, lui, est en bonne santé : il procède, selon la version officielle, à un « contrôle » médical annuel. Attentif à sa « santé », le général avait déjà subi il y a trois mois un « chek-up » alors qu’il devait répondre devant le Parlement d’accusations de corruption. Le climat politique s’étant amélioré, Pavel Gratchev s’était alors présenté en pleine forme devant les députés qui l’avaient absous.
Rien ne dit aujourd’hui que ce scénario se reproduira. Après avoir disparu à cause du désastreux assaut du 1 janvier contre Grozny, le général avait resurgi pour triompher lors de la prise du palais présidentiel tchétchène. Mais en traitant Sergueï Kovalev, le délégué présidentiel russe aux droits de l’homme, « d’ennemi de la Russie », Pavel Gratchev s’est exposé à une rechute. De plus, selon le quotidien moscovite Segodnia du vendredi 3 février, Boris Eltsine a présenté à Pavel Gratchev des preuves de sa corruption juste avant son « hospitalisation ». Le général Edouard Vorobiev, qui a présenté sa démission plutôt que de diriger les « opérations » en Tchétchénie, a lui aussi été « hospitalisé pour les examens réglementaires dans l’armée avant tout départ de poste ». D’autres généraux, dont les limogeages ont été annoncés mais jamais confirmés, attendent dans leurs bureaux, dans le coma politique.
JEAN-BAPTISTE NAUDET