Après la guerre, la répression. Des militaires, mais aussi des civils tchétchènes, détenus dans des « centres de tri » par les forces russes ont été battus, torturés, soumis à des simulacres d’exécutions, certains ont même été tués par balle ou étouffement, selon les témoignages d’anciens détenus recueillis sur place par la presse et des militants des droits de l’homme. Le Comité international de la Croix- Rouge se voit refuser l’accès à ces prisonniers ainsi que toute information sur leur nombre exact. Des membres de la mission de l’OSCE, qui ont pu voir ce week-end une cinquantaine de prisonniers tchétchènes détenus dans deux wagons près de la base russe de Mozdok (Ossétie du Nord), avaient aussi fait état de mauvais traitements même si le chef de la délégation a refusé de confirmer l’utilisation de la torture. « La plupart (des prisonniers) avaient visiblement été battus et ont besoin d’une aide médicale », avait déclaré lundi, Rene Nyberg, ambassadeur de Finlande auprès de l’OSCE. « Ils avaient tous les yeux au beurre noir », a précisé Audrey Glover, membre de la délégation de l’OSCE. Beaucoup de ces prisonniers ont affirmé être de simples civils, et parmi eux se trouvait un enfant de quatorze ans, qui a été libéré sur le champ par le ministre russe de la justice Valentin Kovalev, qui accompagnait la délégation, selon Mm Glover. Sergueï Kovalev, le délégué présidentiel russe pour les droits de l’homme entré en dissidence, a aussi recueilli des témoignages faisant état de tortures. Les forces russes détiennent dans des centres de tri « tous les hommes dtrouvés dans les caves (de Grozny) de seize à soixante ans », a-t-il déclaré. « Les témoignages sur les centres de tri sont horribles» et font état de « tortures, passage à tabac et d’exécutions sans jugement », raconte, dans un entretien publié mercredi 1 février par la Nezavisimaia Gazeta, M. Kovalev, qui n’a pas été autorisé à se rendre dans ces « centres » pour vérifier ces témoignages.
Les hommes des forces de sécurité russes « portant des masques, sans insigne, battent brutalement » les détenus, a affirmé dans un entretien, Oleg Arlov, un des responsables de Memorial, une organisation russe pour les droits de l’homme, qui enquête sur place. « Ils tentent d’obtenir du détenu qu’il avoue qu’il est un combattant. Les détenus ont le choix entre les aveux et dix à quinze ans de prison ou l’exécution », a précisé cet observateur. Un ancien détenu tchétchène a déclaré avoir vu mourir sept ou huit prisonniers civils arrêtés avec lui par les troupes russes lors de leur entrée dans Grozny, le 1 janvier.
JEAN-BAPTISTE NAUDET