Le chef de ce « département » russe en Tchétchénie, Nikolaï Semenov, ex-patron du Parti communiste à Grozny, se voit flanqué de trois adjoints tchétchènes. Oumar Avtouranov, le chef du « conseil provisoire » de l’opposition tchétchène, et Salambek Khadjiev, chef d’un « gouvernement » fantôme « de renaissance nationale » créé par Moscou, sont ainsi nommés « premiers adjoints ». Beslan Gantemirov, l’ex-maire de Grozny devenu l’un des chefs militaires de l’opposition, devient un simple adjoint.
Les attributions exactes de ce « département » sont encore floues. On ignore ainsi s’il s’ajoute aux autres « structures » déjà créées par les Russes ou s’il les remplace. Le fait que les nouveaux leaders tchétchènes deviennent les subordonnés de l’administrateur russe tend à montrer l’échec des formules de « gouvernement » et autres « conseils » autonomes.
Ce choix reflète aussi la prudence du Kremlin face à des hommes qui, pour acquérir une certaine popularité, peuvent être tentés de s’opposer à Moscou (Le Monde du 21 janvier). Ainsi M. Khadjiev a-t-il déjà déclaré que des « élections libres » ne seraient possibles en Tchétchénie qu’une fois les troupes russes parties. Une autre solution, déjà tentée sans grand succès par l’opposition financée par Moscou, serait de s’assurer les bonnes grâces des Tchétchènes en payant le prix fort.
Pour le premier vice-premier ministre russe, les fonds nécessaires à cette opération pourraient tout simplement provenir des recettes pétrolières tchétchènes. Au forum économique de Davos, Anatoli Tchoubaïs a ainsi laissé entendre qu’une fois la Tchétchénie remise au pas Moscou organiserait la réparation des installations pétrolières et contrôlerait les recettes de leur exploitation.
Malgré la présence de la délégation de l’OSCE, les forces russes ont poursuivi ce week-end leurs attaques aériennes massives et leurs pilonnages d’artillerie, bombardant Grozny et les villages du sud et de l’est. A Grozny, les forces russes, qui «repoussent les attaques de petits groupes armées illégaux», selon un communiqué du Kremlin, semblent toujours rencontrer autant de difficultés. Un commandant russe a ainsi, admis qu’il fallait encore « nettoyer » l’ouest de la ville, pourtant théoriquement « sous contrôle » russe.
JEAN-BAPTISTE NAUDET