Le Conseil de sécurité russe n’a pas émis l’ombre d’une critique, mercredi 25 janvier, envers les exécutants de la guerre en Tchétchénie. Au contraire, il a « félicité » le ministre de la défense, Pavel Gratchev, pour le « bon achèvement » des opérations militaires. Au même moment, ces « opérations » battaient leur plein, s’étendant de plus en plus à toute la petite République caucasienne, selon les correspondants étrangers sur place. Réuni pour la septième fois depuis la décision du président russe, le 29 novembre 1994, de rétablir par « tous les moyens l’ordre constitutionnel » en Tchétchénie, le Conseil de sécurité, présidé par M. Eltsine, a usé de l’artifice annoncé depuis des semaines : la première étape, militaire, est considérée « pour l’essentiel terminée », on entre officiellement dans la phase des « simples opérations de police ».

Ainsi les responsabilités peuvent être transférées. Première cible de l’opinion en Russie comme à l’étranger, Pavel Gratchev, qui apparaissait rayonnant mercredi, passe le flambeau au ministère de l’intérieur. En outre, le représentant personnel du président Eltsine en Tchétchénie, l’ancien chef de kolkhoze Nikolaï Egorov, propulsé vice-premier ministre pour les besoins de la guerre, doit lui aussi être remplacé, officiellement pour raisons de santé.

UNANIMITÉ

Pour montrer l’unanimité retrouvée du pouvoir autour de Boris Eltsine, le conseiller du président pour les affaires de sécurité, Iouri Batourine, membre du clan dit « libéral », a été à nouveau invité au Conseil de sécurité, dont il était écarté depuis novembre 1994. Pour signaler aussi la nouvelle unanimité au sein de l’armée, Pavel Gratchev a été montré à la télévision auprès de blessés de guerre, en compagnie du chef d’état-major, Mikhaïl Kolesnikov, et du vice-ministre, Andreï Kokochine, seul civil du ministère et, à ce titre, espoir des réformateurs. M. Eltsine reprend, lui, ses activités « ordinaires » et a prévu de se rendre jeudi en province.

Dans une autre « province », en Tchétchénie, l’« ordinaire » se poursuit aussi, mais c’est celui de la guerre. Les forces russes ont utilisé, mercredi, toute leur puissance de feu pour tenter de venir à bout de la résistance tchétchène, à Grozny ainsi que dans l’ouest et le sud de la République. Mais la guerre et les représailles se poursuivent, même derrière les lignes russes. Des villages situés derrière le front russe sont bombardés, selon l’AFP. Deux hélicoptères russes ont été abattus, mercredi, à une vingtaine de kilomètres au nord de Grozny, dans une zone théoriquement sous contrôle russe.

SOPHIE SHIHAB

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