« Les négociations entre l’Abkhazie et la Géorgie reprendront en février prochain », a déclaré au Monde Vladislav Ardzinba, président de l’Abkhazie, ancienne entité autonome de la Géorgie. De passage à La Haye pour participer à une conférence sur le Caucase, Vladislav Ardzinba reconnaît qu’aujourd’hui, malgré une « période très tendue en septembre dernier, la situation militaire s’est calmée ». Le président de cette petite République des bords de la mer Noire, qui n’est pour l’instant reconnue par aucune nation occidentale, dénonce l’existence d’un danger en provenance de la Russie : « Moscou utilise des bases géorgiennes pour bombarder la Tchétchénie, affirme-t-il ; en échange, certaines factions au pouvoir laisseraient volontiers le champ libre à la Géorgie pour nous envahir à nouveau. D’autres forces voient cependant les risques d’un tel accord. J’espère que ces dernières l’emporteront. La Russie nous accuse d’abriter des camps d’entraînement pour les soldats tchétchènes et d’avoir envoyé des volontaires se battre à leurs côtés. La première affirmation est dénuée de tout fondement. En revanche, il est vrai que les Tchétchènes nous ont aidés pendant la guerre qui nous a opposés à la Géorgie. Certains volontaires se sont donc rendus en Tchétchénie à l’époque où les frontières n’étaient pas encore fermées par les Russes. Combien ? Je n’en ai aucune idée. »

En avril 1994, l’Abkhazie et la Géorgie signaient une déclaration commune, qui, selon le président abkhaze, « implique la reconnaissance de notre souveraineté. Mais le conflit tchétchène a permis à M. Chevardnadze de revenir sur ses engagements. Voilà pourquoi les experts géorgiens ne se sont pas présentés à la réunion prévue, le 14 décembre 1994, sous l’égide des Nations unies ». Vladislav Ardzinba, persuadé que « les intentions de la Géorgie ont changé », rappelle que l’objectif « reste la signature d’un traité entre deux pays sur un pied d’égalité. N’oubliez pas que l’Abkhazie, qui existe depuis deux millénaires, a peuplé la Géorgie et non l’inverse », martèle le président.

Le 26 novembre 1994, le parlement abkhaze adoptait une nouvelle constitution, créant un « Etat démocratique et souverain ». Si, selon Vladislav Ardzinba, les 70 000 habitants d’origine géorgienne qui vivent encore en Abkhazie disposent de droits équivalents à ceux des autres ethnies, et si « les problèmes inter-ethniques ne sont pas à l’origine du conflit avec la Géorgie », il faut toutefois rappeler que 150 000 Géorgiens d’Abkhazie sont aujourd’hui réfugiés en Géorgie.

ALAIN FRANCO

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