A Moscou, la désinformation bat son plein : le pouvoir ment, manipule et dissuade la presse de se rendre sur le terrain. L’armée russe, de son côté, n’a pas pour habitude d’emmener des correspondants dans ses fourgons. Bref, pour être informés sur ce qui se passe en Tchétchénie, les médias occidentaux ont dû essentiellement se reposer sur leurs bureaux moscovites.

Pour le reste, c’est-à-dire le « direct », les témoignages sur le vif, les récits de bombardements aériens contre les populations civiles, il a fallu compter sur une poignée de courageux journalistes occidentaux restés à Grozny, en dépit de tous les dangers. Parmi les plus actifs, ceux de l’AFP Isabelle Astigarraga, Sebastian Smith, Marielle Eudes ont fourni une couverture remarquable de cette sale « petite » guerre.

Sans eux, point de témoignages sur les bombes russes qui s’abattent sur des immeubles d’habitation, un orphelinat ou des colonnes de femmes et d’enfants fuyant Grozny. Sans eux, pas moyen de prendre la mesure de la détermination de la population tchétchène à soutenir ses combattants ceux-là mêmes que Moscou appelle « des bandits ». Sans eux, pas moyen de comprendre que le pouvoir russe mène bel et bien une guerre coloniale en Tchétchénie.

ALAIN FRACHON

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