Mardi 27 décembre, dans une déclaration publiée par l’agence officielle SPA, l’Arabie saoudite a fait part de sa « vive préoccupation » et demandé « l’arrêt de l’effusion de sang ». Le même jour, selon la radio iranienne, le dirigeant libyen, le colonel Mouammar Kadhafi et le président iranien Ali Akbar Hachémi Rafsandjani déploraient, lors d’une conversation téléphonique, « l’offensive russe contre Grozny et le massacre des Tchétchènes ».
A leur avis, l’Organisation de la conférence islamique, qui groupe cinquante et un pays musulmans et l’OLP, « devrait prendre une position unifiée pour convaincre la Russie de mettre fin au massacre des Tchétchènes. » MM. Rafsandjani et Kadhafi ont rejeté « toute option militaire » car une « solution pacifique » est « l’unique moyen » de mettre fin à la crise.
Tripoli et Téhéran avaient déjà fait des démarches séparées auprès de Moscou. Le 15 décembre, Mouammar Kadhafi avait proposé de « jouer un rôle pour éviter une catastrophe et faire en sorte que le conflit en Tchétchénie ne se transforme pas en une guerre entre musulmans et non-musulmans, comme c’est le cas en Bosnie ». Le ministère iranien des affaires étrangères avait dénoncé l’intervention russe et réclamé des « mesures pacifiques » pour mettre fin à la crise.
Le 10 décembre, le parlement jordanien avait demandé à la Russie de mettre fin à ses concentrations de troupes en Tchétchénie et d’accorder aux Tchétchènes le droit à l’autodétermination. La Jordanie abrite une petite communauté d’origine tchétchène, descendante d’immigrés venus au début du siècle. Dans un récent reportage, le quotidien saoudien El Chark el Awsat, affirmait que des dizaines de jeunes Jordaniens dont certains d’origine tchétchène et Arabes dont des Irakiens ont demandé à s’enrôler pour aller se battre contre « l’agression russe ». « Mais l’association qui représente la communauté tchétchène en Jordanie, et dont le président est député et ministre (cheikh Abdel Baqi Jamou), s’est bornée pour l’heure à relever leurs noms », ajoutait le journal, selon lequel de nombreux jeunes de la communauté tchétchène sont convaincus que la guérilla commencerait dans les montagnes de l’ensemble du Caucase si Grozny venait à chuter.
MOUNA NAIM