L’Humanité (Christophe Deroubaix) : « L’hôte du Kremlin opte donc pour la manière forte. Alors que le processus de dislocation, encouragé par Elstine à l’époque soviétique, est désormais à l’oeuvre au sein même de la Fédération de Russie, il fait le choix des armes à Grozny et celui du « verrouillage » et de la « reprise en main » à Moscou. Mais la réponse militaire ne fait que renforcer les nationalistes de tout bord et éloigne les « libéraux » du président russe, uniquement soutenu dans l’aventure tchétchène par une partie de l’état-major et par l’ultranationaliste Jirinovski. »
Le Provençal (Jean-René Laplayne) : « Le président russe souffle le chaud et le froid, use du double langage pour tenter de mystifier une opinion internationale inquiète, à juste titre, de ce qui se passe à l’Est. Il justifie l’intervention militaire d’une part au nom de l’unité nationale et de la défense de la Constitution et, d’autre part, en présentant les gouvernants tchétchènes comme une bande de criminels. La réalité est plus sordide : l’opération en cours ne tend qu’à contrôler les oléoducs qui traversent la Tchétchénie. Boris Eltsine évoque bien la possibilité d’un règlement politique du conflit mais, en même temps, il intensifie sur le terrain le processus militaire. Le maître du Kremlin apparaît comme l’instrument des lobbies industriels et financiers. »
Le Républicain lorrain (Philippe Waucampt) : « A la recherche d’un second souffle lui permettant de ne pas perdre la présidentielle de 1996, Boris Eltsine a opté pour l’aventure militaire. Sans doute le président russe aurait-il laissé la situation pourrir en Tchétchénie si la diplomatie américaine n’avait brusquement changé à son égard. Lassés du marasme russe et, plus certainement, attentifs au retour des tentations impériales, les dirigeants de Washington n’excluent plus une intégration dans l’OTAN des anciens satellites d’Europe centrale et orientale, alors que l’idée était rigoureusement exclue il y a encore quelques mois. »
The Times : « A l’Ouest, les médias et les diplomates ont jusqu’à aujourd’hui ignoré les implications politiques de la crise tchétchène. C’est le syndrome yougoslave : oublier délibérément une crise qui couve jusqu’à ce qu’elle vous saute à la figure. A Moscou, quelques diplomates tentent d’avertir leurs gouvernements de ce qui est en train de se passer, mais personne ne semble entendre. C’est particulièrement vrai à Washington, où la dernière chose que l’administration Clinton souhaite entendre, c’est qu’elle se trouve confrontée à une nouvelle crise de politique extérieure. »