Des combats intenses se déroulent aux abords de Grozny

L’aviation russe a bombardé à au moins deux reprises la capitale tchétchène, vendredi 23 décembre, provoquant un nouvel exode des habitants de Grozny qui fuyaient désespérément la ville, soumise à un intense pilonnage depuis mercredi. Au même moment, les forces russes ont lancé une offensive terrestre pour tenter de s’emparer de la ville d’Argoun, ce qui leur permettrait de contrôler les principaux axes de circulation vers Grozny.

Le très officiel « centre provisoire d’information » russe a annoncé, vendredi, la chute d’Argoun, située à une quizaine de kilomètres à l’est de la capitale. Toutefois, des sources tchétchènes, contactées par le bureau du Monde à Moscou, affirment que l’offensive russe a échoué. Ces mêmes sources indiquent que de violents combats se sont déroulés, vendredi, à Petropavlovskaia, au nord d’Argoun. Ce village, entièrement détruit, est encerclé par les chars russes depuis six jours mais ces derniers n’ont pas réussi à percer les lignes de la résistance tchétchène. Mais ces combattants affirment qu’ils sont désormais à court de munitions.

Les difficultés rencontrées par les troupes russes tendent à démentir les informations en provenance des autorités de Moscou, selon lesquelles Grozny serait désormais encerclée, deux semaines après le début de l’intervention militaire en Tchétchénie. A Moscou, le gouvernement a, par ailleurs, indiqué, vendredi, que quarante-quatre soldats russes ont été tués et cent seize autres blessés en Tchétchénie.

Face à cet enlisement, la Douma (chambre basse du Parlement) a, pour la première fois, vendredi, adopté une « recommandation », appelant le président Boris Eltsine et les forces armées à suspendre les opérations militaires en Tchétchénie. De son côté, l’association d’officiers russes Militaires pour la démocratie a estimé, vendredi, que « l’aventure militaire en Tchétchénie mène à une dictature militaro-policière ». Le président de cette association, Vladimir Smirnov, a démissionné, jeudi, de son poste de conseiller du président Eltsine.

Enfin, sur le plan diplomatique, plusieurs pays occidentaux ont fait part, vendredi, à Moscou de leurs préoccupations. La Grande-Bretagne a exprimé son « inquiétude » sur la situation en Tchétchénie et réitéré son appel en faveur d’une solution négociée au conflit. L’Allemagne souhaite également qu’une solution politique puisse être encore trouvée par la concertation. Et la France a appelé les autorités russes à « tout faire pour éviter une effusion de sang ». (AP, Reuter, AFP.)