Les bombes russes explosaient jeudi au rythme de trois à la minute dans le centre de Grozny, la capitale tchétchène. Rue Krasny-Frontovikov, un avion a lâché au moins deux bombes qui ont fait cinq victimes, selon des témoins. Un camion et deux voitures étaient en feu, près de deux cadavres décapités gisant sur la neige et des taches de sang signalaient trois autres victimes.

Des avions ont également bombardé le quartier résidentiel de Microrayon, à trois kilomètres au nord du palais présidentiel pour la seconde fois en vingt-quatre heures, tuant ou blessant au moins quinze personnes, dont une photographe indépendante américaine, Cynthia Elbaum, âgée de vingt-huit ans.

Une quarantaine de Tchétchènes fouillaient les décombres d’une maison pour tenter de retrouver le corps d’une femme tuée dans des bombardements de la nuit de mercredi à jeudi quand les avions ont lâché de nouvelles bombes. Des femmes pleuraient, tandis que des hommes juchés sur les décombres extrayaient des affaires personnelles de la victime, une carte, une peinture et une poupée aux cheveux blonds sous un chapeau rouge. « Les Russes devraient partir. Pourquoi est-ce qu’ils tuent des civils ? », demandait une vieille femme en larmes.

A 100 mètres du palais présidentiel, le restaurant Okeyan, une boutique et un immeuble d’habitation ont été éventrés par le raid de la nuit. Jeudi matin, des Tchétchènes abasourdis contemplaient les cratères de bombes et les flaques de sang gelé là où deux personnes avaient été tuées. « Ce fut un vrai carnage », commentait Paul Lowe, un photographe de l’agence Magnum

SEBASTIAN SMITH ET MARIELLE EUDES

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