Les Tchétchènes, qui ont déclaré leur indépendance en novembre 1991, ont affirmé avoir repoussé une offensive lancée, mercredi soir, par plusieurs dizaines de blindés russes sur le village de Pervomayskaya, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Grozny, a rapporté jeudi l’agence Interfax. Pendant ces affrontements, les Russes ont perdu trois blindés, les Tchétchènes, un, ainsi qu’une pièce d’artillerie, selon un bilan provisoire donné par les troupes de Grozny. Aucun chiffre sur des victimes éventuelles n’a été communiqué.
Les combats ont également fait rage, mercredi soir, dans un autre faubourg de la capitale. Les forces russes, installées sur les crêtes des collines surplombant Grozny au nord, ont bombardé leurs adversaires qui répondaient par des tirs provenant de Staropromyslovski, à une vingtaine de kilomètres à peine du centre-ville. Les tirs d’artillerie en provenance des deux parties se poursuivaient au rythme d’environ un toutes les trois-quatre minutes.
Une ville en état de siège
Les habitants de cette cité, construite pour abriter les ouvriers du secteur pétrolier, se pressaient sur les trottoirs, mercredi soir, cherchant des endroits pour s’abriter. ” Ici, sous les bombes, il n’y a que des femmes et des enfants et c’est le président Eltsine qui a fait tout ça “, s’emportait une femme.
Grozny se préparait, mercredi, à l’assaut final des forces envoyées dimanche par Moscou. La capitale tchétchène, secouée par les bombardements proches et désertée par une grande partie de ses 350 000 habitants, avait le visage d’une ville en état de siège. Dans les rues quasi vides, des groupes d’hommes en armes circulaient tandis que des camions remplis de combattants filaient vers le ” front “. Au palais présidentiel, les femmes collectaient vêtements chauds, nourriture et médicaments pour les combattants.
Même si les affrontements autour de Grozny ont connu une certaine accalmie, jeudi matin, en raison d’un épais brouillard, les perspectives d’un cessez-le-feu étaient assez maigres. La délégation russe, qui négociait depuis lundi avec des représentants tchétchènes à Vladikavkaz (Ossétie du nord) devait rentrer jeudi 15 décembre à Moscou en raison de l’échec des pourparlers, a indiqué le chef de cette délégation.
La veille, Ousmane Imaïev, procureur général de la République tchétchène, avait affirmé que ” toutes les propositions des Russes insistent sur le fait que la Tchétchénie fait partie de la fédération de Russie, ce qui est inacceptable. ”
De son côté, le président tchétchène, Djokhar Doudaev, a évoqué, dans un discours très belliqueux, une ” guerre à mort ” et a promis que son peuple résisterait ” jusqu’au bout “. Cet ancien général de l’armée soviétique, qui avait jusqu’à présent pris soin d’apparaître en civil, avait, cette fois, endossé son uniforme. Il a également déclaré, mercredi soir, sur NTV, une chaîne de télévision privée russe, que ses troupes avaient capturé une centaine de soldats russes qui seront désormais traités comme des prisonniers de guerre. Or précisément, c’est la capture de quelques soldats russes ayant participé à l’offensive avortée contre Grozny fin novembre, qui avait servi de prétexte à Moscou pour intervenir en Tchétchénie. _ (AFP, Reuter.)