Pour Washington, la Tchétchénie reste donc ” une province ” qui ” avait les moyens de présenter ses griefs par le biais du Parlement russe “. Les explications gênées du porte-parole du département d’état n’y changeront rien : le chef de la diplomatie américaine a, tout simplement, approuvé l’écrasement programmé de la volonté d’indépendance d’un peuple.
Déjà choquante ” moralement “, cette position est, politiquement, dangereuse. Alors qu’à Moscou même les forces démocrates, comme une partie de l’armée, s’opposent à l’intervention en Tchétchénie et jugent de plus en plus inquiétantes les dérives de Boris Eltsine, Washington continue de donner des brevets de démocratie au président russe et, partant, de le laisser agir à sa guise. Jusqu’où ?
Une échappatoire trop facile
La menace de désintégration de la Fédération de Russie est réelle. Encore faudrait-il se poser la question de savoir si ce danger vient du désir d’autonomie d’un million de Tchétchènes ou de l’incurie d’un pouvoir gangrené par les mafias et incapable de remplacer l’ordre soviétique par une organisation équilibrée de la société.
Lorsque des régions entières, comme en Sibérie, échappent à toute autorité, sinon celle des potentats locaux ; lorsque les lois sont plus que bafouées : ignorées ; lorsque, enfin, l’Etat semble soumis aux humeurs de quelques personnages imprévisibles, mettre en cause les seuls Tchétchènes est une échappatoire trop facile _ qui peut permettre d’avaliser une répression en bonne et due forme.
L’Europe n’est pas en reste. Avec, somme toute, aussi peu de nuances que Washington, Paris a ainsi admis que la Tchétchénie était essentiellement une affaire d’ordre intérieur pour la Russie, donnant à celle-ci toute latitude pour régler ce problème à sa convenance. De même, il ne s’est trouvé pratiquement aucune organisation de défense des droits de l’homme pour protester contre l’entrée des chars russes en Tchétchénie. Le précédent est grave. Pour ne citer que cet exemple : si l’armée turque procède, en ce moment, à un véritable ratissage des régions kurdes, n’est-ce pas, aussi, une ” affaire intérieure ” à laquelle il convient de ne pas se mêler ? Bref, la Tchétchénie est russe. Comme l’Algérie était française ? n’en rajoute-t-il pas un peu ? Après avoir donné son aval à l’entrée des troupes russes en Tchétchénie, voilà que le secrétaire d’Etat américain déclare que Boris Eltsine ” a probablement fait ce qu’il avait à faire ” en voulant occuper la petite République sécessionniste. Oubliant, au passage, les précédentes interventions des Russes, avortées du fait de la résistance tchétchène, M. Christopher y va même de son compliment à l’égard des autorités russes qui, selon lui, ” ont fait preuve d’autant de retenue qu’il était possible “.
Pour Washington, la Tchétchénie reste donc ” une province ” qui ” avait les moyens de présenter ses griefs par le biais du Parlement russe “. Les explications gênées du porte-parole du département d’état n’y changeront rien : le chef de la diplomatie américaine a, tout simplement, approuvé l’écrasement programmé de la volonté d’indépendance d’un peuple.
Déjà choquante ” moralement “, cette position est, politiquement, dangereuse. Alors qu’à Moscou même les forces démocrates, comme une partie de l’armée, s’opposent à l’intervention en Tchétchénie et jugent de plus en plus inquiétantes les dérives de Boris Eltsine, Washington continue de donner des brevets de démocratie au président russe et, partant, de le laisser agir à sa guise. Jusqu’où ?
Une échappatoire trop facile
La menace de désintégration de la Fédération de Russie est réelle. Encore faudrait-il se poser la question de savoir si ce danger vient du désir d’autonomie d’un million de Tchétchènes ou de l’incurie d’un pouvoir gangrené par les mafias et incapable de remplacer l’ordre soviétique par une organisation équilibrée de la société.
Lorsque des régions entières, comme en Sibérie, échappent à toute autorité, sinon celle des potentats locaux ; lorsque les lois sont plus que bafouées : ignorées ; lorsque, enfin, l’Etat semble soumis aux humeurs de quelques personnages imprévisibles, mettre en cause les seuls Tchétchènes est une échappatoire trop facile _ qui peut permettre d’avaliser une répression en bonne et due forme.
L’Europe n’est pas en reste. Avec, somme toute, aussi peu de nuances que Washington, Paris a ainsi admis que la Tchétchénie était essentiellement une affaire d’ordre intérieur pour la Russie, donnant à celle-ci toute latitude pour régler ce problème à sa convenance. De même, il ne s’est trouvé pratiquement aucune organisation de défense des droits de l’homme pour protester contre l’entrée des chars russes en Tchétchénie. Le précédent est grave. Pour ne citer que cet exemple : si l’armée turque procède, en ce moment, à un véritable ratissage des régions kurdes, n’est-ce pas, aussi, une ” affaire intérieure ” à laquelle il convient de ne pas se mêler ? Bref, la Tchétchénie est russe. Comme l’Algérie était française ?