TCHÉTCHÉNIE : Tout en négociant, Moscou positionne des troupes en Ossétie du Nord

Offre d’amnistie et de négociations d’un côté, bombardements et mouvements de troupes de l’autre : Moscou a soufflé, jeudi 1 décembre, le chaud et le froid pour tenter d’en finir avec la rébellion de la Tchétchénie, République du sud de la Fédération de Russie, qui a déclaré son indépendance en 1991. Alors que l’ultimatum de quarante-huit heures lancé par le président Eltsine a expiré jeudi, un éventuel assaut russe semble avoir été retardé, au moins jusqu’au 15 décembre. Près de 1 500 hommes des forces spéciales d’intervention ont été positionnés dans la République voisine d’Ossétie du Nord, à une heure et demie de route de Grozny, la capitale tchétchène. D’autres unités militaires seront concentrées dans cette région ” d’ici au 14 décembre “, selon des sources au ministère russe de la défense.

Pavel Gratchev, le ministre de la défense, a confirmé que le rôle de l’armée serait d’aider les troupes du ministère russe de l’intérieur à désarmer ” les groupements armés illégaux ” en Tchétchénie. Mais il a précisé que le président Eltsine ne l’avait pas encore chargé d’instaurer l’état d’urgence, selon l’agence Interfax. Publiant jeudi la ” version officielle ” de son ultimatum au gouvernement tchétchène, la présidence russe a omis sa menace de proclamer l’état d’urgence. Celui-ci, selon une source ” haut placée ” citée par l’agence Tass, ” ne sera pas instauré dans un avenir proche “. ” Le président est prêt à négocier car le principal est d’éviter un bain de sang “, a déclaré un conseiller de Boris Eltsine. Le président russe a aussi signé un décret amnistiant les Tchétchènes qui déposeraient les armes ” avant le 15 décembre “.

Une délégation parlementaire russe, arrivée jeudi à Grozny, a rencontré le vice-président tchétchène, qui a ensuite déclaré qu’il était ” possible que la Tchétchénie décide de libérer une partie des prisonniers ” russes, arrêtés par les Tchétchènes lors d’un assaut de l’opposition contre la capitale. Le vice-président Zelimkhan Landarbiev s’est dit prêt à des discussions avec Moscou, mais a affirmé que sa République ne ferait aucune concession sur son indépendance : ” C’est à la Russie de faire ce qu’il faut pour éviter la guerre “, a-t-il déclaré. Précisant que ” chaque Tchétchène était prêt à se battre jusqu’au bout “, le président Djokhar Doudaev a estimé que ” la Russie ne comprend que le langage de la force ” tout en acceptant des négociations par l’intermédiaire de la Lituanie.

Une heure avant l’arrivée de la délégation de Moscou, des avions, très probablement russes, ont bombardé, pour le troisième jour consécutif, la périphérie de Grozny, où sont stationnés des blindés des forces gouvernementales. Ce raid aérien a fait au moins quatre morts et neuf blessés parmi les civils, selon l’AFP. Un autre bombardement aérien a visé l’immeuble où vit la famille du président Doudaev, sans faire de victime. _ (AFP, Reuter.)