Un ton plus patriotique
La psychose de guerre a été soigneusement entretenue ces dernières semaines par des déclarations enflammées de part et d’autre. Jusqu’à présent toutefois, la population tchétchène ne semble pas s’être réellement impliquée dans ce ” combat des chefs “. Plusieurs incidents se sont tout de même produits ces derniers jours. Une explosion a, ainsi, endommagé la ligne ferroviaire Moscou-Bakou, qui traverse la République.
La situation est d’autant plus confuse que le Conseil des anciens, dont les avis sont généralement respectés dans cette société aux structures claniques, est partagé. Si tous ses membres s’accordent sur la nécessité de défendre l’indépendance de la Tchétchénie, certains soutiennent le général Doudaev et d’autres Rouslan Khasboulatov.
Ce dernier, revenu dans sa patrie d’origine en médiateur, selon son dire, joue désormais ouvertement sa propre carte. Il s’est récemment distancé des autres factions de l’opposition tchétchène et semble avoir ” oublié ” ses précédentes déclarations en faveur d’une réunification avec la Russie pour adopter un ton beaucoup plus patriotique. Et comptant sur sa popularité dans la République, il espère prendre rapidement la place du général Doudaev.
Toutefois, ce dernier contrôlerait toujours bien la capitale. Il a par ailleurs tenté de reprendre l’initiative politique en publiant un décret réinstaurant les activités du Parlement, qu’il avait dissous au printemps 1993. Il a chargé les députés d’adopter d’ici le 30 septembre prochain la Constitution de la Tchétchénie.
Après une campagne de communiqués aussi lourds que menaçants, Moscou semble pour sa part prendre désormais un peu de recul. Et si les pressions sur la Tchétchénie, et le général Doudaev en particulier, restent toujours aussi intenses, elles se sont faites plus discrètes. Dès le début de la crise, les dirigeants russes ont soutenu Omar Avtourkhanov, un dirigeant local du district de Nadterechny, qui a constitué un Conseil provisoire et se déclare en faveur d’un retour de la Tchétchénie au sein de la Fédération russe. Ce qui lui vaut de recevoir une aide économique substantielle de Moscou, ainsi qu’un soutien matériel de l’armée russe, si l’on en croit le correspondant sur place du quotidien Komsomolskaïa Pravda. Mais sa crédibilité dans la République est faible, affectée par ses projets politiques que bon nombre de Tchétchènes considèrent être une reddition à Moscou. Dans l’immédiat, Djokhar Doudaev tire profit des divisions de l’opposition pour se maintenir au pouvoir. _ (Intérim.)