LES principaux protagonistes de la crise, qui a pris un tour dramatique à Moscou depuis deux semaines, ont participé depuis plusieurs années à la lutte pour le pouvoir, changeant de camp au gré des événements, sans jamais prendre en considération les véritables aspirations de la population à l’amélioration de la vie quotidienne devenue catastrophique.

Nommé premier secrétaire du PC de Moscou, Boris Eltsine était entré au Politburo de l’ex-PCUS en février 1986, alors que Mikhaïl Gorbatchev en était le premier secrétaire. Limogé par la suite, élu au Parlement, il se fait élire président de la Fédération de Russie, le 12 juin 1991, à l’occasion du référendum organisé par Gorbatchev sur l’Union. Sur son «ticket» il avait fait figurer le général Routskoï, pour entraîner la caution des officiers supérieurs. Ce dernier, un ancien de la guerre en Afghanistan, élu vice-président, fit rapidement ombrage à son chef. En mars 1993, il se prononce, contre l’avis d’Eltsine, pour une élection présidentielle anticipée et se porte candidat à la présidence en avril. Accusé d’avoir trafiqué sur des fausses factures et de corruption, il est démis de ses fonctions par Eltsine, le 1er septembre. Deux semaines avant la tentative de putsch d’août 1991, il avait créé une faction au sein du PCUS, le «Parti démocratique des communistes de Russie», issu d’un mouvement des Communistes pour la démocratie fondé en juin 1991 avec le ministre des Affaires étrangères de Gorbatchev, Edouard Chevardnadzé, aujourd’hui président déstabilisé de la Géorgie.

Rouslan Khasboulatov, un Tchétchène caucasien – enfant, il avait été déporté par Staline en Sibérie ainsi que toute sa communauté -, a été appelé à Moscou en 1990 par Eltsine, alors président du Parlement russe. Devenu président de la Russie, Eltsine le fait élire à la tête du Parlement, malgré l’opposition de la majorité des députés, en octobre 1991. A partir de ce moment-là, Khasboulatov change de camp. A la fin de janvier 1993, il réclame, comme Routskoï, des élections législatives et présidentielle anticipées. Après le succès d’Eltsine au référendum du 25 avril, où 58% des électeurs accorde leur «confiance» au président, les relations avec Khasboulatov s’enveniment encore, ce dernier faisant annuler par le Parlement la plupart des décisions présidentielles. Le 21 septembre, un décret présidentiel met fin à ses fonctions et dissout le Parlement.

M. M.

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