Mais à Grozny, un proche de ce général d’aviation qui commandait une base de bombardiers stratégiques de l’armée soviétique en Estonie, juste avant son retour à Grozny, raconte : ” Il s’assoit aux commandes d’un avion et il part sans trop savoir où. La dernière fois, il s’est rendu à Ankara, mais comme les dirigeants turcs tardaient à le recevoir, il est allé rencontrer le président de la République turque de Chypre, puis il s’est rendu à Vienne et, de là, en Slovénie pour rencontrer le président bosniaque Izetbegovic. Alors, les Turcs ont changé d’avis, et il est revenu voir le président Ozal. ” La presse tchétchène, elle, a parlé d’un ” tête-à-tête de plus d’une heure ” avec le président turc, puis de rencontres avec les deux autres présidents, toutes conclues par la publication de ” communiqués communs ” à base de solidarité des peuples islamiques.
Mais le général Doudaev, qui ne fait pas d’exclusive, avait annoncé que cette tournée le mènerait aussi… aux Etats-Unis. Dans le communiqué final, il fut simplement indiqué que la rencontre bosniaque l'” a fait renoncer à la visite prévue aux Etats-Unis “. Les Tchétchènes ne sont, bien sûr, pas tous dupes de ces formulations, certains rient, d’autres enragent et les opposants y voient une nouvelle preuve de ce qu’ils pensent être une connivence de leur président avec les services secrets de l’armée russe, qui ne peuvent ignorer ses plans de vol.
Moscou était sur le point, début octobre, d’accepter une invitation du général-président Doudaev au général et vice-président russe Routskoï à visiter Grozny, pour assister à un congrès des peuples du Caucase. Finalement, le vice-président russe n’est pas venu et le général Doudaev s’est lancé dans une nouvelle diatribe contre l’impérialisme russe, assortie cette fois d’une proposition de dissoudre le Conseil de sécurité de l’ONU, ” qui ignore les petits peuples et ne fait qu’attiser les guerres “. Il était visiblement sous le coup de ses nouveaux horizons yougoslaves, à l’heure où l’on parle de la défaite des Musulmans bosniaques et des risques de refuge des vaincus dans le terrorisme.