Le sud de la Fédération de Russie _ le Caucase du nord _ était gagné, samedi 26 septembre, par l’agitation antirusse, à la suite de l’arrestation, sur ordre de Moscou, du président de la ” Confédération des peuples montagnards ” du Caucase, solidaires de leurs parents ethniques, les Abkhazes, contre les Géorgiens. Dans le Haut-Karabakh en revanche, un nouveau cessez-le-feu devait intervenir samedi.

Un nouveau foyer d’agitation s’est allumé dans le Caucase, menacant cette fois-ci l’intégrité de la Fédération de Russie, dont font partie les Républiques du nord du Caucase : à Naltchik, capitale de la Kabardino-Balkarie _ une ville de 250 000 habitants dont la moitié au moins sont russes, _ quelques milliers de Kabardins manifestent depuis mercredi 23 septembre pour exiger la libération d’un de leurs dirigeants, arrêté sur ordre du parquet de Moscou, M. Moussa Chanibov. Il s’agit du président de la ” Confédération des peuples montagnards du Caucase ” du Nord, une organisation non reconnue par Moscou créée en 1990 et regroupant les activistes d’une quinzaine de ces peuples qui rêvent, eux aussi, d’indépendance, à la suite des Tchétchènes qui ont imposé de fait la leur et jouent un rôle moteur dans la Confédération.

Les Kabardins, comme les Tcherkesses et les Adygues, sont de la même famille ethnique que les Abkhazes. Lorsque les troupes géorgiennes ont commencé, à la mi-août, à soumettre brutalement la rébellion de leur petite minorité abkhaze, des manifestations de soutien dans les villes du nord du Caucase ont abouti à l’envoi, à l’initiative de la Confédération, de volontaires armés en Abkhazie, malgré l’opposition des dirigeants locaux, des apparatchiks plus ou moins reconvertis. Ces derniers ont participé à Moscou aux négociations qui ont abouti, le 3 septembre, à l’accord de cessez-le-feu entre Géorgiens et Abkhazes sous l’égide de la Russie.

Mais le cessez-le-feu n’est toujours pas respecté, alors que les les dirigeants des Républiques du Caucase du Nord affirment que les volontaires ont été rappelés et ont réellement quitté l’Abkhazie, laissant leurs armes au sud d’une frontière où des troupes russes ont été déployées. Dans ces conditions, l’arrestation de M. Chanibov, accusé “d’incitation à la haine ethnique “, n’a pu que jeter de l’huile sur le feu et paraît d’autant moins compréhensible que au même moment, Moscou recevait le vice-président de la Confédération, un dirigeant tchétchène, pour reprendre langue avec cette ” République rebelle ” boycottée depuis des mois.

La Russie de Boris Eltsine manifeste en tout cas un nouvel activisme dans le Caucase où, depuis des années, elle semblait continuellement perdre ses positions. Mais sa ” médiation ” en Abkhazie tourne de plus en plus au soutien à la Géorgie d’Edouard Chevardnadze, qui a clairement déclaré, vendredi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, qu’il souhaitait le maintien des troupes russes sur son territoire jusqu’à la formation d’une armée géorgienne.

Les desseins caucasiens de M. Eltsine semblent se manifester aussi dans le Haut-Karabakh : l’accord de cessez-le-feu signé ” en secret ” il y a une semaine à Sotchi, sur la mer Noire, par les ministres de la défense d’Arménie et d’Azerbaïdjan en présence du ministre de la défense de Russie pourrait être moins abstrait que les précédents. En effet, un représentant arménien du Haut-Karabakh s’est joint vendredi, pour la première fois, à des négociations ouvertes à Moscou. Et alors qu’à Bakou comme à Erevan on annoncait un ordre de cessez-le-feu pour vendredi à minuit, le commandant en chef des forces de la CEI, le maréchal Chapochnikov, déclarait que c’était là une dernière chance, avant l’appel aux forces d’interposition de la CEI, voire de l’ONU.

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